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CFPM de Nantes - Ces apprentis musiciens ont goûté à la chance de jouer pendant la crise

Au centre de formation professionnelle de la musique, les stagiaires n’ont pas cessé de jouer, malgré la crise sanitaire et les salles de concerts fermés. Ces passionnés de musiques actuelles ont utilisé ce temps pour travailler, car ils avaient la « chance » de répéter à l’école.

Les musiciens en formation dans l’un des box de répétition.

Mathys, Laureen, César, Romain… Ils ont choisi d’apprendre la musique en période de crise sanitaire, alors que les cafés-concerts sont restés fermés. Comment font-ils pour garder la motivation ? Au centre de formation professionnel de la musique, vingt-deux stagiaires ont appris, toute l’année, leur futur métier. L’école, quasi invisible, vue de la très passante route de Clisson, au sud de Nantes, est installée dans un ancien bâtiment industriel très vaste, un peu à l’écart. Les élèves peuvent faire du bruit, sans gêner personne. Au CFPM, la pratique tient une place importante. Alors, en mars 2020, quand l’école a dû organiser tous ses cours à distance « ça a été violent », souligne le chef du centre, Jean-Pierre Vignaud. « Il a fallu s’adapter. Apprendre de nouveaux outils, de nouveaux process. À la rentrée 2020, on était prêt. » Mais, bonne nouvelle pour Jean-Pierre Vignaud, les cours ont repris normalement en septembre, comme dans tous les centres de formation pour adultes. Car des cours individuels en visio, passe encore, mais des répétitions en groupe : impossible ! « Je l’ai vécu comme une chance » C’est ce qui a permis aux stagiaires de ne pas sombrer dans la morosité. « On a joué, joué, joué… », disent-ils avec la banane. « Je l’ai vécu comme une chance, déclare Laureen, 37 ans, bassiste. Malgré la crise sanitaire, on avait l’opportunité de venir en cours, et de jouer. On ne pouvait pas sortir ni voir de concerts, donc on travaillait ! » La jeune femme au visage lumineux est l’une des deux seules filles de la promo. Adaptation, est le maître mot de cette crise du Covid. Les trois concerts annuels, habituellement programmés à la scène Michelet, n’ont pas pu avoir lieu. Qu’importe ! L’école a organisé trois prestations dans ses locaux, en jauge ultra-limitée. « Les stagiaires ont joué le jeu, ils ont tout donné, comme s’ils étaient en conditions réelles », observe Jean-Pierre Vignaud. « C’est la meilleure année que je n’ai jamais eue, confie-t-il. Leur motivation a décuplé. » Selon lui, la crise a rendu la musique indispensable. Alchimie entre les élèves « L’école a mis en avant l’opportunité de pratiquer la musique, dès le début, avance Arthur Suprin, formateur en chant et expression scénique. Les élèves ont beaucoup joué ensemble et cela a créé une alchimie entre eux. Ils ont monté des projets communs… » Ils ont ressenti avec acuité le bonheur de partager leur passion, alors que le simple fait de répéter était devenu un luxe. Extrême diversité des profils chez les stagiaires : Hadrien, 26 ans, ex-développeur en informatique, est en reconversion pour devenir professeur de guitare. Antoine, 22 ans, titulaire d’une licence de psycho, ne regrette pas d’avoir quitté la faculté. Maëlan, 18 ans, se forme à la fois à la basse et au métier de technicien du son. Il a lâché le lycée qui le « saoulait ». César, 20 ans, apprend la musique assistée par ordinateur (MAO). « Indispensable pour composer, quel que soit le type de musique. » Axel, 22 ans, est venu de Paris au CFPM pour apprendre à jouer en groupe. « Je maîtrisais la guitare, mais n’avais jamais joué avec d’autres musiciens. » « Ici, on se crée un réseau », se réjouissent-ils tous. « J’ai triplé mon niveau », constate Mathys, 20 ans, aux claviers. Déscolarisé en première, il a profité de cette année pour travailler à fond. Aucun d’entre eux ne s’est posé la question d’arrêter la musique. Tous sont persuadés que « les gens en ont besoin et que les concerts vont repartir », comme dit Romain, 25 ans, qui a déjà joué précédemment dans des groupes. « Mais ce qui m’a manqué, ce sont les jams, les scènes ouvertes, où on joue, dans les bars, le week-end. C’était frustrant. » Et ils ont pu bénéficier d’un enregistrement en studio comme tous les ans. Le 21 juin ils joueront pour la Fête de la musique, mais dans l’école et sans public. Le directeur promet de les faire jouer l’an prochain… En vrai ! Tout savoir sur le centre de formation professionnelle de la musique Le centre de formation professionnelle de la musique est une école privée destinée aux adultes ayant déjà pratiqué et délivrant un diplôme de fin d’études. Il forme aux métiers de la musique (musiciens, chanteurs, interprètes), et à ceux de techniciens du son et de musique assistée par ordinateur, dans le domaine des musiques actuelles. Il en existe dix en France, dont un dans la métropole nantaise. Basée à Saint-Sébastien-sur-Loire, l’école forme des stagiaires de 17 à 60 ans (moyenne d’âge : une vingtaine d’années). Le centre nantais a été créé en 2012. Ils approfondissent leur connaissance de la musique, dans le but de pratiquer et/ou d’enseigner. Certains n’y restent qu’un an, d’autres deux. Les droits d’inscription s’élèvent à 6 000 € (une prise en charge est possible via pôle emploi ou les collectivités dont dépendent les stagiaires). Les cours sont de 25 heures par semaine, cinq jours sur sept. Il y a une sélection à l’entrée, qui nécessite une grande motivation et un minimum de technique instrumentale. « Ici, c’est familial, un peu à la Fame, précise le chef du centre. Mais on travaille beaucoup ! On n’est pas là pour rêver. » CFPM : 199, route de Clisson, à Saint-Sébastien-sur-Loire, au sud de Nantes. Tél CFPM France 09 72 23 36 72.


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