Ancien CFPM - ORION DUST - Duality
C'est intéressant de s'apercevoir que la figure d'Orion exerce une grande fascination sur le monde des arts. Le géant de la mythologie grecque, tué par Artémis et dont le corps fut dispersé sous forme d'une constellation dans le ciel, a été évoqué par de nombreux écrivains antiques (Homère, Horace, Ovide) puis plus contemporains (Blaise Cendrars, René Char, Paul Claudel, Jean Giono, Claude Simon…) sans parler des peintres (Nicolas Poussin, Daniel Seiter, au 17e siècle) et les musiciens (Gérard Manset lui consacre un opéra-rock en 1970, Metallica ou Symphony X ont des titres de morceaux inspirés d'Orion). Et pour les noms de groupes de rock, des cohortes de formations portent ce patronyme, dans tous les pays du monde (Espagne, Grande-Bretagne, France, Russie, Danemark, Italie, Japon, et même Pakistan) et le complètent parfois d'un autre nom, comme Orion's Beethoven (en Argentine, dans les années 70) ou cet Orion Dust, qui nous intéresse ici. Orion Dust est la création de Fabien Bouron, guitariste. En 2011, il met en place ce projet avec son camarade batteur Guillaume Coplo. En mars 2014, Fabien Bouron a composé une dizaine de morceaux et le groupe passe à la phase d'enregistrement. De nombreux musiciens participent à la création de l’album en tant qu'invités : Marco Bartoli (production), Thomas Marasi (batterie), David Alfano (guitare), Jean-Louis Cuenne (percussion), Amélie Guyot (flûte traversière).
Le noyau du groupe se complète avec l'arrivée d'Olivier Lombardi (basse), Anthony Barbier (guitare) et Cécile Kaszowski (chant), tous trois sortis du CFPM (Centre de Formation Professionnelle de la Musique) de Lyon. Coralie Vuillemin (clavier) fait également partie de ce noyau. La mise au point de cet album prend une allure de feuilleton à épisodes puisqu'il faut attendre septembre 2016 pour voir apparaître l'album sous forme numérique, puis en version physique en mars 2017, et enfin sous l'aspect d'une réédition qui sort en janvier 2018 et qui atteint finalement nos frontières. On comprend alors pourquoi ce disque est été concocté dans la patience, tant sa sophistication en fait un bel exemple de métal progressif mélodique contemporain.
Le disque "Duality" se compose de dix chansons distinctes mais reliées entre elle par le concept du voyage introspectif, de la réflexion sur soi, parfois au prix de la souffrance morale. Orion Dust cultive une certaine variété de climats, entre phases dynamiques ("Cliffs of Moher" aux allures zeppelino-purpliennes, "Burn out") ou moments plus aériens (l'instrumental "Absencia", "Darkest hopes"). Les morceaux peuvent parfois atteindre la dizaine de minutes ("Happiness inside", "The tightrope walker"), ce qui permet l'élaboration de moments musicaux construits avec soin. On remarque aussi la voix de Cécile Kaszowski, puissante et claire, ainsi que les lignes de basse finement travaillées d'Olivier Lombardi. Il apparaît malheureusement que ce dernier a quitté récemment Orion Dust, emportant avec lui le batteur historique Guillaume Coplo. Sans section rythmique, Fabien Bouron décide de continuer son groupe sur une base acoustique, réarrangeant tous les morceaux de "Duality" dans une optique guitares acoustiques plus claviers. On verra ce que ça donnera mais en attendant, les amateurs de rock progressif d'inspiration seventies mais néanmoins adapté au goût du jour pourront profiter de ce très bon "Duality" qui ne déroge pas aux règles du genre et qui bénéficie d'un joli packaging en trois volets.
François Becquart
Pays: FR
Sources :
Orion Dust (autoproduction) Sortie: 2018/01/19 (réédition, original 2016)